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Poème : Dit de la force et de l'amour

L'amoureuse (1923)
Paul Eluard
Elles est debout sur mes paupières

Elle est debout sur mes paupières
Et ses cheveux sont dans les miens,
Elle a la forme de mes mains,
Elle a la couleur de mes yeux,
Elle s'engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel.

Elle a toujours les yeux ouverts
Et ne me laisse pas dormir.
Ses rêves en pleine lumière
Font s'évaporer les soleils
Me font rire, pleurer et rire,
Parler sans avoir rien à dire

C'est de Gala dont il s'agit

Commentaire rédigé
Entre tous mes tourments, entre l'espoir et le désespoir d'Eluard il y a "l'injustice et ce malheur des hommes". Injustice est ici précédé d'un article indéfini, c'est l'injustice en général, par contre le mot malheur est précédé d'un démonstratif, c'est ce malheur et non pas un autre. C'est la raison de sa colère.

1-Une poésie engagée
2-La chaleur humaine contre les égoïsmes
3-L'amour de la femme générateur d'harmonie
Une poésie engagée

Parmi l'injustice et ce malheur des hommes, , il y a les guerres civiles, celle d'Espagne entre les partisans du Franquisme et ceux partisans de la démocratie républicaine, puis celle de Grèce de 1946 à 1949 entre les royalistes et les communistes. En Espagne on bombarde des villes, c'est Guernica, et en Grèce on poursuit les communistes dans les maquis. L'injustice est souvent un thème de colère chez celui qui en est victime. Mais les injustices sont nombreuses. Nous ne sommes égaux qu'en droit mais pas dans de nombreux domaine, comme la beauté, la réussite, la santé, l'intelligence, la force et cela nous le constatons chaque jour dans notre vie, dans notre milieu professionnel ou familial. Cela provoque de la colère, du désespoir, des vengeances. Injustice, c'est le contraire de justice, de l'égalité des chances. Dans la vie, nous pouvons connaître des tourments, des accidents de la vie, des détresses, des pertes de toutes sortes qui peuvent nous désespérer. Tout le monde souhaite aujourd'hui la disparition des injustices, des maladies. Beaucoup de malades perdent l'espoir de guérir et pense que la lumière de la vie peut s'éteindre à tout moment, que les jours qu'il reste à vivre ne sont que des jours difficiles et qu'avant que notre corps ne devienne cendre ou poussière, elle sera intermédiaire, décomposition progressive comme le fumier. Mais comme toujours Eluard pense à une renaissance, renaissance sur les cendres comme l'arbre qui avant chaque hiver se débarrasse de ses feuilles pour en refaire au printemps, plus belles encore. Il y a les maquis couverts de sang de la guerre civile espagnole et ceux couverts de soleil de la même guerre civile en Grèce pour la prise du pouvoir par le Général Franco en Espagne et les communistes en Grèce. Et dans chaque guerre le massacre d'innocents, de femmes, d'enfants qui étaient au mauvais endroit au mauvais moment.

La chaleur humaine aura raison des égoïsmes
Par ses opinions politiques, le communisme, la mise en commun, Eluard pensait que les hommes sont faits pour s'entendre, pour se comprendre, pour s'aimer, que l'on gagne plus à l'harmonie, à l'entente, à la coopération. Mais dans toutes les sociétés, des gens s'opposent pour mettre en avant leurs idées. Des personnes accèdent au plus haut niveau de la société avec plus de pouvoir, des personnes s'enrichissent alors que d'autres vivent dans la plus grande misère. L'homme est-il par nature égoïste ? Ne pensant qu'à lui et à sa réussite, à son intérêt personnel avant l'intérêt collectif. Un bien collectif, une autoroute, un immeuble, des logements sociaux doivent être construits que les riverains vont se coaliser pour l'empêcher au prétexte de nuisances, de perte de leur tranquillité. La liberté c'est avant tout le pouvoir d'agir sans nuire aux autres et chacun s'y accroche. L'homme a sa conscience individuelle, mais pas ou peu de sensibilité collective. L'égoïste n'a que peu de sensibilité collective toute entière accaparée par la sienne. J'entends un homme dire qu'il n'a pas souffert sur cette terre c'est le miracle du printemps, le présage d'un avenir qui chantera.

L'amour de la femme générateur d'espoir et d'harmonie
Toi, toi, tu, tu, tu, en anaphore dans le dernier quatrain s'adresse à une femme qu'Eluard a aimée. Entre Gala, Nush et Dominique, on pense à Gala l'impétueuse d'origine russe, rencontrée en 1913, dans un sanatorium où ils soignaient une tuberculose et qui le quitta pour Salvador Dali. L'amour d'une femme peut-elle mettre fin aux égoïsmes ? Gala fut la conscience sensible d'Eluard. C'est dans le poème, l'amoureuse qu'il définit sa propre perception sensitive, "elle a la forme de mes mains, la couleur de mes yeux" car chacun a sa propre perception de l'autre selon ses propres sens. Avec Gala il a connu par contagion la liberté, la légèreté, l'espoir, l'amour de la vie, le bonheur. Gala, insouciante, chantait toute la journée mais vivait un peu en décalage et l'empêchait souvent de dormir.

Conclusion
La force et l'amour peuvent venir à bout de bien des tourments comme la maladie chez Eluard. Mais l'amour d'une femme, redonne l'espoir d'un renouveau, d'un retour du bonheur comme le printemps qui finit toujours par arriver et donner de nouveaux bourgeons. Et ainsi va la vie.